La Turquie
Les anciens l’appelaient l’Asie Mineure. Ce pays-frontière entre l’Europe (3%) et l’Asie (97%) est bordée par la Mer Noire, la Mer Egée et la Méditerranée. A cheval sur ces deux continents, au carrefour des axes Russie - Méditerranée et Balkans - Moyen-Orient sur l'antique route de la soie, la Turquie compte 65 millions d’habitants, sur un territoire plus grand que la France, principalement montagneux, avec 8300 km de côtes et une histoire qui remonte au paléolithique. Nous arrivons à DATCA, avec « Kagou » pour faire notre entrée et accomplir les formalités. Depuis février 2012, de nouvelles dispositions ont été prises par le gouvernement, et nous ne pouvons y séjourner que trois mois. Après avoir obtenu notre « transit-log » de 100€ et les quatre précieux tampons (capitainerie, santé, immigration, douanes), nous savourons notre arrivée. Nous déambulons dans la ville pour faire les courses et trouver une clé3G pour internet. Un curieux mélange de connu et d’inconnu nous surprend. Nous rencontrons tous les signes d’un pays occidental moderne côtoyant l’oriental avec la plainte du Muézin, du haut de son minaret, appelant les fidèles à la prière et les bonnes senteurs des épices. Ici on paye en euros. Bizarre… En fait, il vaut mieux payer en TL (1€ environ 2,30TL) car ils sont très commerçants ces petits roublards, une conversion rapide en euros sur la calculette et vous vous retrouvez à payer largement au-dessus du prix. Et puis, il faut toujours marchander. Les prix ne sont pas affichés. Même si on pense avoir fait une affaire, nous trouvons encore moins cher ailleurs. On est tombé dans le panneau, mais J’ai l’œil maintenant et je ne me laisse plus faire… Bien que l’euro vaut plus du double, la vie est aussi chère qu’en Europe. Il ne faut pas si tromper. C’est fini le temps où l’on pouvait y vivre avec peu. La Turquie a trouvé sa vache à lait : le tourisme.Attention à ne pas les mettre en colère ! Islamistes à 96%, Les turcs ne sont pas arabes. Ils ne viennent pas de la péninsule Arabique, mais d’Asie centrale.
Nous descendons sur MARMARIS, en alternant mouillages sauvages et petits villages. Les fonds de criques sont couverts d’immondices, les animaux déambulent sur le peu de plage de galets. Il est très difficile de descendre les chiens. Téquila à chopé trois énormes tiques. Par contre, elle est la reine pour débusquer les tortues. Rien de typique en fait et je ne prends même pas de photos. Nous retrouvons « PRYDWEN » qui a eu des ennuis d’infiltration d’eau par le tube de jaumière et est retourné à la marina de Marmaris pour faire les réparations. Nous en profitons pour rendre visite à « BOREAL » qui était avec nous à MESSOLONGHI.
C’est une ville fourmillante, ou nous sommes happés par les rabatteurs. La Turquie est l’un des premiers producteurs mondiaux de contrefaçons. Une Cartier, un tee-shirt Adidas, une chemise Lacoste, une montre Rolex, un parfum Channel, toutes les grandes marques y sont vendues à 1/10ème de leur prix. Ne pas se faire pincer par la douane en sortant du pays, car l’amende est sévère. Mais comme tout le monde nous nous laissons tenter. Je suis dégoutée par le comportement de ce tourisme de masse. Aucun savoir vivre. Ils déambulent en maillots de bain, le bedon bien rebondissant, exhibant leur poignée d’amour, leur cellulite, leurs seins débordant du triangle de tissu, un chapeau ridicule pour compléter la panoplie. On les repère à cent lieux. Tantôt blanc comme linge, écrevisse bien cuite, le sac banane autour de ce monumental tour de taille. Mais quel regard peut avoir le turc sur nous ?
A l’origine de notre périple, nous devions descendre l’est du littoral, mais nous savons que les mois d’été, le meltem s’installe et nous aurions des difficultés pour rejoindre la Grèce. Et puis, un problème de taille. Il est interdit de déverser les eaux usées dans la mer. Nous le savions, mais La règlementation est très stricte et les amendes salées, surtout après MARMARIS. Un réservoir d’eau noir pour les toilettes, un réservoir d’eau grise pour la vaisselle, les douches. N’étant pas équipés, nous faisons la vaisselle le soir, au coucher du soleil et le « pou-pou » dans des sacs poubelles. Mais il y aurait, parait-il, de nombreux contrôle sur dénonciations. Ça me fait bien marrer ! Les « gullets » déversent leurs eaux usées dans les ports. Mais eux, ils travaillent… Donc c’est encore le plaisancier qui trinque. Nous quittons donc « KAGOU » et remontons vers le nord.